Série : Unorthodox, une mini-série qui remue

À l’heure des séries de grandes envergures, avec toujours plus de saisons et de suspens, Netflix nous propose une mini série de 4 épisodes adaptée d’un roman autobiographique, Unorthodox: The Scandalous Rejection of My Hasidic Roots de Deborah Feldman, cette mini-série raconte le chemin d’une jeune femme en quête de sa voie.

Le contexte :

Le personnage principal, Esther Shapiro, grandi dans la communauté hassidique de New York. Une grande partie est inspirée de la vie de Déborah Feldman mais, comme expliqué dans le making-off, la partie se déroulant à Berlin est une fiction.
Cette histoire est plus qu’une histoire de religion, elle retrace la quête de l’identité, la recherche de personnalité dans un monde moderne où cohabitent pieux et non croyants. Esty (Esther Shapiro), comme toutes les personnes de sa communauté, n’a pas vraiment de fenêtre sur le monde. Les juifs hassidiques dont elle descend viennent d’Europe de l’Est et ont fuit les persécutions de la seconde guerre mondiale. Cette fuite a conditionné leurs pratiques et lois religieuses. Elle se retrouve donc mariée par mariage arrangé à 18 ans puis rasée. Son but dorénavant, le seul pour toute sa vie : fonder une famille.

 Un point de vue inattendu :

Cette série m’a permise de me confronter à mes propres jugements, mes propres limites. En effet, puisqu’elle prend place dans un environnement extrêmement pieux et pour ma part, je suis rattachée et n’ai été élevée dans aucune religion. Le parti pris ici, n’a pas été de pointer du doigt la religion pour dire que telle ou telle pratique était mauvaise mais seulement pour montrer un cadre de vie existant et qui ne convient pas à tout le monde. C’est là où j’ai été chamboulée. Au vu du mode de vie montré dans la série, je ne peux m’imaginer vivre dans ces conditions. Seulement c’est très personnel et c’est ce que montre cette série. Le chemin de la vie est propre à chacun et l’important est de pouvoir le choisir. C’est ce qu’essaye de faire Esther. La question que pose cette série est : lorsque l’on cherche à être épanouie mais que nos possibilités de mouvement sont réduits quels choix s’offrent à nous ? Vivre dans ce contexte peut limiter la découverte de sa personnalité. Et la série nous montre que les limites ne sont pas toujours là où on le pense. Même si au premier abord, la religion devient une limite pour le personnage principal, on se rend compte avec d’autres personnages comme Dasia que chaque famille à ses limites et pose ses propres carcans. Pour certains c’est la religion, pour d’autres les conditions de vies de leurs pays ou encore la rigueur d’une vie d’artiste. Chaque style de vie a ses propres conditions.

Océane, 25 ans réagit : « L’autre aspect d’Unorthodox que j’ai trouvé vraiment très intéressant c’est que j’ai eu la sensation de regarder une mini-série documentaire de qualité. C’est comme si la caméra était un œil objectif regardant la réalité de cette communauté juive, sans jugement, sans peindre un tableau noir, sans point de vue à charge des traditions qu’il met en lumière. Et même si je ne suis pas juive et que j’avoue n’avoir aucune connaissance de cette culture et que je ne ressors pas avec beaucoup plus de connaissances après le visionnage de la série, j’ai la sensation d’avoir capté une des dimensions que vivent les femmes élevées comme Esther Shapiro. D’un point de vue émotionnel, et non pas factuel. Et je crois qu’en tant que femmes, on peut toutes s’identifier à plusieurs pans de la vie d’Esther. »

Une réflexion candide sur le monde :

Ce qui est bouleversant, c’est la justesse avec laquelle l’actrice principale joue sa découverte du « monde extérieur ». Le moment le plus flagrant et plein d’innocence est celui où elle se trouve à la bibliothèque et découvre l’ordinateur et le moteur de recherche. Ce qui est incroyable c’est qu’elle ne remet pas en question sa religion mais elle se pose tout de même des questions existentielles, telle une enfant. Pourtant, elle prend des décisions très fortes lorsqu’il s’agit de sa vie, de ses choix. On se rend compte qu’elle a réussit à se forger mais qu’elle continue d’avancer à taton lorsqu’il s’agit d’avoir des réponses concrètes sur la vie et ses conséquences. Elle est capable de partir dans un autre pays mais elle est incapable de savoir si le jambon qu’elle va manger va réellement la rendre malade ou si c’est seulement une partie des idéaux de sa religion.

Audrey, 26 ans réagit : « Les personnages sont bien choisis et l’actrice principale nous fait comprendre juste à travers son regard et ses incompréhensions que la vie réelle lui est inconnue. »

Des hommes et des femmes :

Au delà de la religion, le patriarcat est présent partout. Cette série en parle inévitablement. Ce qui est intéressant, c’est le paradoxe entre le poids du regard des femmes, l’avis de la mère et le pouvoir des hommes sur les femmes. Là aussi, on sent que certains personnages ne sont pas complètement eux-mêmes. Notamment le mari d’Esty, qui sous sa loyauté religieuse tend à être plus tendre et plus compréhensif. Il souhaite sincèrement la rendre heureuse et est ouvert à découvrir la vie autrement. Seulement, il est bridé par sa mère.

Arnaud 21 ans, réagit : « On découvre un univers peu commun, d’un groupe juif extrémiste. Une découverte d’un univers qu’on ne connait presque pas voire pas du tout. Avec un rôle de la femme qui reste malheureusement celui qui fut il y a très longtemps et qui est  : une femme privée de liberté. Une femme qui doit se plier à la volonté de sa famille pour un mariage forcé, qui doit se plier à la volonté de son mari pour un rien. Une mini-série marginale qui sort des codes habituels de nos jours. »

Il y a peu de solidarité dans cette communauté, lorsqu’il s’agit d’agir autrement ou d’énoncer son avis. Les femmes s’aident seulement pour assouvir les besoins de leur mari ou de la communauté, c’est à dire en faisant des enfants.

Audrey 26 ans, réagit : « Cette série m’a permis d’avoir un regard différent sur la religion juive et ses extrêmes, d’en connaître ses versions les plus poussées ainsi que le rôle des femmes dans leur communauté qui sont plus des mères porteuses que des femmes au sens propre.  C’est une série qui fait s’interroger sur la place de celles-ci en société et qui dénonce bien le patriarcat qui sévit encore beaucoup trop aujourd’hui. »

 

Une série courte mais intense :

Bien qu’il n’y ait que 4 épisodes, chaque heure est riche en action et en émotion. On reste en haleine et on suit du regard et du coeur le parcours de cette jeune femme qui cherche sa voie/x. Même si on est loin de ce qu’elle vit profondément, on peut s’identifier facilement à sa quête. La quête du bonheur, de l’épanouissement, de l’acceptation de soi et des autres.

Océane 25 ans, réagit : « Je n’avais vu aucun avis sur Unorthodox avant de binger la série, mais je dois dire que c’est l’actrice qui m’a attirée et qui m’a poussée à la regarder. Et je crois que c’est ce qui m’a le plus marquée et touchée dans cette série : l’incroyable sincérité de l’actrice, Shira Haas. Elle m’a fait pleurer à plusieurs reprises et je crois que la scène du chant à la fin du dernier épisode est le moment de cinéma (on peut dire cinéma pour une série ?) qui m’a le plus touchée dernièrement. C’était magnifique, d’une justesse bouleversante. Il y avait vraiment tout dans cet instant de chant.
Bref, j’ai été très touchée, c’était une très belle mini-série, et j’ai beaucoup regretté que ce soit si court ! »

 

Et vous, vous l’avez vu ? Qu’avez vous ressenti ? N’oubliez pas de laisser un commentaire ou de partager cet article s’il vous a plu.

1 commentaire sur “Série : Unorthodox, une mini-série qui remue

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *